Si la fantasy est connue pour ses vastes univers peuplés de créatures mythiques, le genre recouvre en réalité deux courants très distincts : la fantasy épique “classique” se déroulant dans des mondes secondaires complexes, et la fantasy urbaine qui transpose le merveilleux dans le monde moderne. Deux sphères à première vue diamétralement opposées, mais qui possèdent chacune leurs forces et leurs attraits uniques.
L’Épique : Le véritable royaume de la fantasy
Bien que certains récits de fantasy urbaine existent depuis longtemps, la “haute” fantasy reste le sous-genre dominant qui a défini les codes et les archétypes du merveilleux dans l’imaginaire populaire. Œuvres monumentales comme Le Seigneur des Anneaux, Le Trône de Fer ou La Roue du Temps baignent toutes dans ce créneau d’univers imaginaires richement détaillés.
La puissance de la fantasy épique réside dans l’immensité et la profondeur de ses mondes secondaires érigés de toutes pièces. Des cartes, des peuples, des cultures, des langues, des légendes et des religions uniques sont créées dans les moindres détails par leurs auteurs. Cette construction méticuleuse engendre une authenticité et une crédibilité incomparables, replongeant le lecteur dans un merveilleux primer digne des mythes fondateurs.
Univers intemporels séparés de notre réalité, ces royaumes fantastiques offrent un terrain de jeu illimité pour les écrivains avides d’établir de vastes fresques héroïques, des cycles mythopoéïques ambitieux ou d’explorer des sociétés alternatives en profondeur. L’absence de racines modernes permet une créativité totalement débridée.
L’Urbaine : La magie dans la modernité
À l’opposé, la fantasy urbaine fait de notre monde réel le théâtre inattendu d’êtres et de phénomènes extraordinaires. Par un habile mélange du familier et de l’étrange, des auteurs comme J.K. Rowling, Neil Gaiman ou Cassandra Clare arrivent à émerveiller les lecteurs sans même quitter les rues de Londres, Chicago ou New York.
La grande force de ce sous-genre réside dans le potentiel d’interactions et de contrastes surprenants entre la magie/le surnaturel et le prosaïsme du quotidien. Un frisson unique naît du frottement entre les licornes et les klaxons d’une artère urbaine, les vampires opérant dans l’anonymat d’une foule ou les chasseurs de démons vivant au quatrième étage d’un immeuble banal.
Outre l’attrait de la “sublimation du banal”, la fantasy urbaine parvient aussi à insuffler une résonance particulière et une connexion immédiate en ancrant ses récits dans des cadres contemporains et familiers. De par ce lien tangible avec notre monde, ses questionnements et enjeux peuvent aborder une dimension métaphorique et politique plus prononcée.
Deux visions complémentaires
Bien que diamétralement opposées à première vue, ces deux sphères de la fantasy ont plus de points communs qu’il n’y paraît. Elles puisent dans le même trésor d’archétypes, de thèmes et de créatures mythologiques pour bâtir leurs univers merveilleux respectifs, à la différence du décorum moderne ou poussièrement fantasy épique.
Quelle que soit leur forme, ces deux courants opèrent la même forme d’enchantement, conviant le lecteur à explorer l’inconnu, le mystère et des réalités parallèles emplies d’émerveillement. À l’heure où les franchises à succès fusionnent allègrement ces deux visions (comme le Wizarding World potterien), urbaine et épique apparaissent comme les deux faces poétiquement complémentaires de la même médaille fantasy.
De la quête du héros remontant les âges mythiques aux récits de sorciers adolescents naviguant à NYC, tous deux forgent au final le même rêve d’évasion et d’imaginaire partagé. Un double héritage que de nombreux auteurs actuels comme V.E. Schwab ou Lev Grossman explorent pour proposer des expériences hybrides dépaysantes. De quoi nourrir l’appétit insatiable des mordus de fantasy sous toutes ses formes !