Vincent van Gogh, l’un des peintres les plus célèbres et influents de l’histoire de l’art, est décédé le 29 juillet 1890 à Auvers-sur-Oise, en France. Pendant plus d’un siècle, sa mort a été considérée comme un suicide. Cependant, ces dernières années, des chercheurs et historiens ont remis en question cette version des faits, suggérant que le peintre aurait pu être victime d’un homicide. Cette controverse a relancé l’intérêt pour les derniers jours de Van Gogh, entourés de mystère et d’incertitudes.
La version officielle : le suicide
Selon la version communément admise, Van Gogh se serait tiré une balle dans la poitrine le 27 juillet 1890 dans un champ près d’Auvers-sur-Oise. Il aurait ensuite réussi à regagner l’auberge où il résidait, avant de succomber à ses blessures deux jours plus tard. Cette thèse du suicide s’appuie sur plusieurs éléments :
- Les antécédents psychiatriques de Van Gogh : Le peintre souffrait de crises psychotiques et avait déjà été interné. Son geste d’automutilation le plus célèbre – se couper l’oreille en 1888 – témoigne de sa fragilité mentale.
- Ses dernières lettres : Dans sa correspondance, Van Gogh évoque à plusieurs reprises des pensées suicidaires.
- Les témoignages : Son frère Theo et le Dr Gachet, qui l’ont assisté dans ses derniers instants, ont rapporté que Van Gogh avait avoué s’être tiré dessus.
- L’absence d’enquête approfondie : À l’époque, la police n’a pas mené d’investigation poussée, considérant le suicide comme une évidence.
Cette version des faits a longtemps fait consensus parmi les historiens et les biographes de Van Gogh. Elle cadrait avec l’image du génie torturé, en proie à ses démons intérieurs, qui a marqué la postérité.
La thèse de l’assassinat : une nouvelle piste ?
En 2011, les auteurs Steven Naifeh et Gregory White Smith ont publié une biographie intitulée “Van Gogh: The Life”, dans laquelle ils remettent en question la thèse du suicide. Selon eux, Van Gogh aurait été victime d’un tir accidentel ou intentionnel. Cette théorie s’appuie sur plusieurs éléments troublants :
- L’arme du crime jamais retrouvée : Le revolver avec lequel Van Gogh se serait prétendument suicidé n’a jamais été découvert.
- L’angle de tir peu plausible : La blessure de Van Gogh se situait au niveau de l’abdomen, un emplacement peu commun pour un suicide par arme à feu.
- Des incohérences dans les témoignages : Certains détails rapportés par les témoins de l’époque ne concordent pas.
- L’absence de lettre d’adieu : Van Gogh, prolifique épistolier, n’a laissé aucun mot expliquant son geste.
- Son état d’esprit : Dans les jours précédant sa mort, Van Gogh semblait plutôt optimiste et productif, ce qui contraste avec l’idée d’un artiste suicidaire.
Les auteurs suggèrent que Van Gogh aurait pu être victime d’un accident ou d’un meurtre impliquant des jeunes du village, notamment René Secrétan, connu pour harceler le peintre. Cette théorie a depuis été reprise et développée par d’autres chercheurs.
Les derniers jours de Van Gogh : ce que l’on sait
Pour tenter de démêler le vrai du faux, revenons sur ce que l’on sait des derniers jours de Van Gogh à Auvers-sur-Oise :
- Mi-mai 1890 : Van Gogh s’installe à Auvers-sur-Oise, un village au nord de Paris, pour être suivi par le Dr Gachet, spécialiste des maladies nerveuses.
- Mai-juillet 1890 : Le peintre connaît une période de grande créativité, produisant près de 80 tableaux en 70 jours.
- 6 juillet 1890 : Dernière visite de son frère Theo. Van Gogh semble de bonne humeur.
- 10-14 juillet 1890 : Van Gogh se rend à Paris pour voir son frère et sa famille. Il rentre à Auvers apparemment déprimé.
- 27 juillet 1890, vers 19h : Van Gogh rentre à l’auberge Ravoux grièvement blessé. Il affirme s’être tiré une balle dans la poitrine.
- 29 juillet 1890 : Van Gogh décède en présence de son frère Theo.
Les zones d’ombre
Malgré les nombreuses recherches menées, plusieurs zones d’ombre persistent concernant les circonstances exactes de la mort de Van Gogh :
- Le lieu exact du drame : Si la version officielle parle d’un champ de blé, l’emplacement précis n’a jamais été identifié avec certitude.
- L’arme du crime : Comment Van Gogh se serait-il procuré une arme à feu ? Pourquoi n’a-t-elle jamais été retrouvée ?
- Le mobile : Si la thèse du meurtre est avérée, quel aurait été le mobile des agresseurs ?
- Le silence des témoins : Pourquoi personne dans le village n’aurait-il parlé si un meurtre avait réellement eu lieu ?
- L’attitude de Theo : Pourquoi le frère de Van Gogh aurait-il maintenu la version du suicide si celle-ci était fausse ?
Ces questions continuent d’alimenter le débat entre partisans du suicide et défenseurs de la thèse de l’assassinat.
L’impact sur l’héritage de Van Gogh
Cette controverse sur les circonstances de la mort de Van Gogh a des implications importantes pour la compréhension de son œuvre et de sa personnalité :
- Si la thèse du suicide est confirmée, elle renforce l’image du génie torturé, dont l’art était indissociable de sa souffrance psychique.
- Si la thèse de l’assassinat s’avère exacte, elle obligerait à reconsidérer la fin de vie de l’artiste et pourrait modifier la perception de ses dernières œuvres.
- Dans les deux cas, cette controverse a permis de raviver l’intérêt pour Van Gogh et d’approfondir les recherches sur sa vie et son art.
Plus de 130 ans après sa mort, le mystère entourant les derniers jours de Vincent van Gogh continue de fasciner. Entre la thèse du suicide et celle de l’assassinat, les débats restent vifs dans la communauté scientifique et artistique. Si la vérité absolue risque de ne jamais être établie, ces questionnements permettent de porter un regard neuf sur la vie et l’œuvre d’un des plus grands peintres de l’histoire de l’art. Ils nous rappellent également que derrière le mythe se cachait un homme complexe, dont la fin tragique ne devrait pas éclipser le génie artistique.
Que Van Gogh ait mis fin à ses jours ou qu’il ait été victime d’un acte criminel, son héritage artistique demeure intact. Ses toiles continuent d’émouvoir et d’inspirer des millions de personnes à travers le monde, témoignant de la puissance intemporelle de son art.