Dans les paisibles campagnes du Vermont, un État du nord-est des États-Unis, se cache une particularité architecturale aussi intrigante qu’insolite : les “fenêtres de sorcière”. Ces fenêtres, installées en diagonale dans les murs des maisons, sont le témoin d’une croyance populaire fascinante et d’une ingéniosité pratique propre à l’architecture vernaculaire américaine.
Origine et description
Les fenêtres de sorcière, également connues sous le nom de “fenêtres du Vermont” ou “fenêtres de cercueil”, sont des fenêtres placées dans le mur pignon d’une maison et tournées d’environ 45 degrés par rapport à la verticale
La légende des sorcières
L’appellation “fenêtre de sorcière” provient d’une croyance populaire selon laquelle les sorcières, volant sur leurs balais, ne pourraient pas entrer dans les maisons par ces fenêtres inclinées
Raisons pratiques de leur existence
Au-delà de la légende, l’origine de ces fenêtres s’explique par des considérations beaucoup plus pragmatiques. Leur conception répond en réalité à des contraintes architecturales spécifiques :
- Maximisation de l’espace : Dans les maisons anciennes du Vermont, les lucarnes étaient rares. Lors de l’agrandissement d’une maison, l’espace mural disponible dans le pignon pour placer une fenêtre devenait limité. La solution ingénieuse consistait à faire pivoter la fenêtre pour qu’elle s’adapte à l’espace triangulaire entre deux lignes de toit adjacentes
- Optimisation de la lumière et de la ventilation : Cette orientation permet d’installer une fenêtre de taille normale dans un espace restreint, maximisant ainsi la surface vitrée et, par conséquent, l’apport de lumière et la ventilation dans la pièce
- Économie et praticité : Cette technique évitait la construction ou l’achat de fenêtres sur mesure, plus coûteuses, et permettait d’utiliser des fenêtres standard
Défis de construction et solutions
L’installation de ces fenêtres diagonales n’est pas sans poser certains défis techniques. L’orientation inclinée complique notamment la mise en place du revêtement extérieur, comme les planches à clin. En effet, si le revêtement est horizontal, il rencontre le cadre de la fenêtre à un angle aigu, ce qui complique à la fois la coupe du bardage et l’étanchéité du joint
Impact culturel
Les fenêtres de sorcière sont devenues bien plus qu’une simple curiosité architecturale. Elles font désormais partie intégrante du patrimoine culturel du Vermont et attirent l’attention des amateurs d’architecture et des touristes.En 2013, un beau-livre intitulé “On a Vermont Witch’s Window Trail” a été publié, offrant un guide illustré de cette caractéristique unique de l’architecture du Vermont
Les fenêtres de sorcière du Vermont illustrent donc parfaitement comment une solution pratique à un problème architectural peut, au fil du temps, se transformer en un élément culturel distinctif. Elles représentent un fascinant mélange de folklore, d’ingéniosité pratique et d’identité régionale.Bien que leur origine soit ancrée dans des considérations pragmatiques plutôt que dans la superstition, ces fenêtres continuent de captiver l’imagination et de susciter la curiosité. Elles nous rappellent que même les détails architecturaux les plus modestes peuvent devenir des symboles culturels importants, témoignant de l’histoire, des croyances et de l’esprit d’adaptation d’une communauté.Dans un monde de plus en plus standardisé, les fenêtres de sorcière du Vermont restent un rappel charmant de la diversité et de la richesse de l’architecture vernaculaire américaine, invitant les visiteurs à découvrir les histoires uniques qui se cachent derrière les façades des maisons anciennes.