“The Brutalist”, le troisième long-métrage de Brady Corbet, est une fresque ambitieuse qui ne laisse pas indifférent. Ce film de 3h30, sorti le 12 février 2025, nous plonge dans l’Amérique d’après-guerre à travers le parcours tumultueux d’un architecte hongrois immigré.
Élément | Détail |
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Titre | The Brutalist |
Réalisateur | Brady Corbet |
Scénaristes | Brady Corbet, Mona Fastvold |
Acteurs principaux | Adrien Brody, Felicity Jones, Guy Pearce |
Date de sortie | 12 février 2025 (France), 20 décembre 2024 (USA) |
Durée | 3 heures 35 minutes (215 minutes) |
Budget | 10 millions de dollars |
Genre | Drame |
Pays de production | États-Unis, Royaume-Uni, Hongrie |
Synopsis | Un architecte immigré après la Seconde Guerre mondiale en Amérique |
Tournage | Printemps 2023, Budapest et Toscane |
Distributeurs | A24 (Amérique du Nord), Focus Features (International) |
Une odyssée architecturale et humaine
László Tóth, brillamment incarné par Adrien Brody, débarque aux États-Unis avec sa femme Erzsébet (Felicity Jones) et sa nièce Zsófia (Raffey Cassidy), tous trois rescapés de l’Holocauste. Dès les premières images, Corbet nous saisit avec une séquence d’arrivée à New York magistralement orchestrée, où la Statue de la Liberté apparaît, tête en bas, comme un présage du renversement du rêve américain à venir.
Le film suit l’ascension et la chute de Tóth, qui se voit confier la réalisation d’un ambitieux complexe architectural par le richissime et peu scrupuleux Van Buren (Guy Pearce). Ce qui aurait pu n’être qu’un énième récit sur le conflit entre art et commerce se révèle être une exploration bien plus profonde et dérangeante de l’Amérique d’après-guerre.
Un style brutal et envoûtant
Corbet fait preuve d’une maîtrise technique impressionnante. Tourné en Vistavision, format rare datant des années 50, “The Brutalist” offre une photographie à couper le souffle. Chaque plan est composé avec une précision chirurgicale, créant une tension visuelle qui fait écho aux tourments intérieurs des personnages.
La bande-son, alternant entre silence pesant et explosions symphoniques, participe à l’immersion du spectateur dans cet univers où la beauté côtoie constamment la violence. On pense parfois aux œuvres de Paul Thomas Anderson, notamment “There Will Be Blood”, dans cette façon de dépeindre l’Amérique comme un creuset où les rêves se transforment en cauchemars.
Au-delà du biopic
Si le film emprunte les codes du biopic, c’est pour mieux les subvertir. Corbet utilise l’histoire de Tóth comme un cheval de Troie pour explorer les zones d’ombre de l’American Dream. Le réalisateur aborde sans détour des thèmes comme l’antisémitisme, l’exploitation des immigrés, et la corruption morale inhérente au capitalisme débridé.
Une scène particulièrement marquante se déroule dans les carrières de marbre de Carrare. Ce qui commence comme un moment de grâce, rappelant le cinéma des frères Taviani, bascule brutalement dans l’horreur avec une scène de viol aussi inattendue que glaçante. C’est dans ces moments de rupture que Corbet excelle, nous forçant à confronter la violence sous-jacente de la société américaine.
Un film qui divise
“The Brutalist” n’est pas un film facile. Sa durée, son rythme parfois contemplatif et ses choix narratifs audacieux en font une œuvre qui ne plaira pas à tous. Certains y verront un chef-d’œuvre ambitieux, d’autres un exercice de style prétentieux.
Le dernier acte du film, en particulier, a suscité des réactions mitigées. L’accumulation de rebondissements et de symboles peut sembler excessive, diluant quelque peu la puissance du propos initial.
Un réalisateur à suivre
Malgré ses défauts, “The Brutalist” confirme le talent de Brady Corbet. À seulement 36 ans, il s’impose comme l’un des cinéastes américains les plus audacieux de sa génération. Son approche sans compromis et sa volonté de repousser les limites du cinéma narratif font de lui un artiste à suivre de près.
“The Brutalist” est un film qui pèse, au propre comme au figuré. Monumental dans son ambition, parfois écrasant dans sa mise en scène, il ne laisse pas indemne. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, on ne peut nier son impact.
Corbet nous offre une œuvre qui résonne fortement avec notre époque, questionnant les fondements mêmes du rêve américain et, par extension, de notre société moderne. “The Brutalist” est un édifice cinématographique imposant, pas toujours harmonieux, mais indéniablement fascinant. À l’image de son personnage principal, le film de Corbet est une création ambitieuse et tourmentée, qui laissera une empreinte durable dans le paysage cinématographique contemporain.