En 1858, la ville de Weston, Virginie-Occidentale, entreprit la construction d’un édifice qui allait marquer l’histoire de la psychiatrie américaine. L’Asile Trans-Allegheny, bâti sur 666 acres de terrain par des prisonniers, représentait une prouesse architecturale sans précédent. Deuxième plus grand bâtiment en pierre taillée à la main au monde après le Kremlin, sa construction fut interrompue par la Guerre Civile avant de reprendre en 1862.
Une Vision Initiale Prometteuse
L’établissement, inauguré en 1864, incarnait les théories médicales de son époque. La croyance dominante voulait que la pollution urbaine soit une cause majeure de la folie, d’où le choix d’un vaste domaine rural. Le complexe visait l’autosuffisance avec sa ferme, sa laiterie, son système hydraulique et son cimetière. En 1873, une aile séparée fut ajoutée pour les patients afro-américains, reflétant la ségrégation de l’époque.
La Spirale de la Surpopulation
Ce qui devait être un havre de paix pour 250 patients devint rapidement un enfer surpeuplé. Les chiffres témoignent d’une croissance effrénée : 717 patients en 1880, 1 661 en 1938, jusqu’à atteindre un pic de 2 400 pensionnaires en 1950. L’établissement accueillait un éventail hétéroclite de patients : épileptiques, alcooliques, toxicomanes, enfants trisomiques, vétérans handicapés, malades de la syphilis, et même un couple atteint du SIDA.
L’Ère des Traitements Barbares
Derrière les murs de pierre, la réalité était bien plus sombre que l’idéal thérapeutique initial. Les lobotomies frontales et les électrochocs étaient monnaie courante pour “calmer” les patients difficiles. Dans les années 70 et 80, la situation devint apocalyptique : meurtres entre patients non investigués, agressions du personnel, et l’utilisation de cages pour les cas “incontrôlables”. La découverte macabre d’une infirmière morte au fond d’un escalier après deux mois de disparition illustre la déshumanisation croissante de l’institution.
Un Héritage de Mystères et de Souffrances
Les registres incomplets de l’asile cachent une vérité troublante : de nombreux patients admis n’ont jamais été enregistrés comme sortants. Le cimetière de l’établissement, avec ses pierres tombales manquantes et ses simples briques numérotées, témoigne de cette comptabilité funèbre approximative. Les familles étaient découragées de contacter leurs proches internés, et les résidents de Weston rapportaient régulièrement entendre des hurlements provenant de l’enceinte de l’asile.
Renaissance Paranormale
Fermé en 1994 pour mauvais traitements, l’asile connut une décennie d’abandon avant d’être racheté par Joe Jordan en 2007. Après d’importants travaux de rénovation, le bâtiment est devenu une attraction touristique paranormale majeure. Les visiteurs rapportent des phénomènes inexpliqués : batteries qui se vident mystérieusement, zones froides, voix étranges, et apparitions spectrales.
Les Fantômes de Trans-Allegheny
Parmi les manifestations les plus notables, on trouve le fantôme d’un petit garçon immobile dans un coin, observé par plusieurs visiteurs dont Grant Wilson de The Atlantic Paranormal Society, et “Jacob”, un soldat qui hante l’aile de la Guerre Civile. Le quatrième étage est particulièrement actif, avec ses portes qui claquent inexplicablement et ses conversations murmurées dans le vide.
La directrice Rebecca Jordan Gleason elle-même avoue : “Je ne veux pas croire aux fantômes, mais j’ai vu ici des choses difficiles à expliquer autrement.” Certains spectres semblent espiègles, riant dans les couloirs, tandis que d’autres émettent des avertissements sinistres aux visiteurs. Ces phénomènes, combinés à l’histoire tragique du lieu, font de Trans-Allegheny une destination incontournable pour les amateurs de paranormal, perpétuant ainsi la mémoire des milliers d’âmes qui y ont vécu, souffert et péri.