Le message de l’au-delà

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Vie après la mort
Vie après la mort

La disparition brutale de son frère jumeau avait plongé Ethan dans un abîme de chagrin. Lucas et lui avaient toujours été inséparables, partageant cette connexion unique que seuls les jumeaux connaissent. Mais un stupide accident de voiture avait brutalement mis fin à leur lien. Lucas était mort sur le coup, laissant Ethan dévasté et incomplet, comme amputé d’une partie de lui-même.

Les jours suivant le drame s’étaient écoulés dans un brouillard de larmes et de douleur. Ethan avait traversé les obsèques tel un zombi, serrant machinalement des mains, acceptant des condoléances qui n’apaisaient en rien sa peine infinie. Ses parents étaient effondrés. Ses amis ne savaient pas comment le réconforter. Ethan se sentait plus seul que jamais. Son jumeau avait toujours été son roc, son âme sœur. Comment pourrait-il continuer à avancer sans lui ?

Quelques semaines plus tard, alors qu’Ethan tentait de réapprendre à vivre avec ce vide béant au cœur, il reçut un mystérieux colis. Le paquet, marqué au nom de Lucas, avait visiblement été posté le jour même de l’accident. Intrigué et troublé, Ethan l’ouvrit fébrilement. À l’intérieur, il découvrit une clé USB accompagnée d’une simple note manuscrite : “E. Visionne-moi seul. L.”

Les mains tremblantes et le cœur battant, Ethan inséra la clé dans son ordinateur. Il y trouva un unique fichier vidéo sobrement intitulé “Pour Ethan”. Lorsqu’il lança la vidéo, le visage de Lucas apparut à l’écran. Ethan eut le souffle coupé. Son frère, l’air grave et les traits tirés, s’adressait à lui depuis l’au-delà.

“Ethan, si tu vois cet enregistrement, c’est que je ne suis plus de ce monde et que mes pires craintes se sont réalisées. J’ai découvert quelque chose de terrible, une machination qui me dépasse et qui met ma vie en danger. Je ne peux pas t’en dire plus ici, au cas où ce message tomberait entre de mauvaises mains. Tout ce que je peux te dire, c’est que les apparences sont trompeuses. Ne fais confiance à personne. Et surtout, méfie-toi de…”

À cet instant précis, un bruit sourd retentit hors champ. Lucas se retourna vivement, l’air paniqué. “Je dois te laisser. Ils arrivent. N’oublie pas Ethan, méfie-toi de…” L’image se brouilla soudainement, puis l’écran devint noir.

Ethan resta pétrifié devant son ordinateur, submergé par un maelstrom d’émotions. Le choc d’avoir revu son frère, la douleur ravivée de sa perte, mais surtout une terreur insidieuse. De quoi Lucas voulait-il le mettre en garde ? Quel danger le menaçait ? Et cette machination dont il parlait… Cela n’avait aucun sens. Lucas était un simple étudiant en droit, qu’aurait-il pu découvrir de si terrible ?

Les jours suivants, Ethan se repassa l’enregistrement en boucle, à la recherche du moindre indice. Il finit par remarquer un étrange reflet dans le miroir derrière Lucas. En zoomant sur l’image, il distingua ce qui ressemblait à une silhouette sombre se tenant dans l’encadrement de la porte. Quelqu’un était-il présent lors de l’enregistrement du message ? Quelqu’un qui en voulait à Lucas ? Ethan sentit un frisson glacé lui parcourir l’échine.

Rongé par les questions et l’angoisse, il décida de mener sa propre enquête. Il fouilla la chambre de Lucas à la recherche d’indices, interrogea ses amis et même d’anciens professeurs. Mais personne ne semblait au courant de quoi que ce soit. La vie de Lucas paraissait on ne peut plus banale et transparente.

Pourtant, Ethan ne pouvait se défaire de l’impression tenace que quelque chose clochait. De minuscules détails le troublaient. Des regards en coin lors de l’évocation de certains événements, des réponses un peu trop évasives, une gêne palpable chez certains proches. Comme si tout le monde lui cachait quelque chose.

Plus il cherchait, plus Ethan avait la sensation de s’enfoncer dans une spirale paranoïaque. Il sursautait au moindre bruit, s’imaginait épié et suivi. Il passait ses nuits à ressasser les derniers mots mystérieux de Lucas, cherchant désespérément ce dont il devait tant se méfier. Ses parents, inquiets de son comportement obsessionnel, l’envoyèrent consulter un psychiatre. Mais Ethan était persuadé de tenir une piste. Il ne pouvait pas abandonner, il le devait à Lucas.

L’impensable se produisit un soir, alors qu’Ethan rentrait chez lui. Alors qu’il déverrouillait la porte de son appartement, il remarqua que quelqu’un y était déjà entré. Son sang se glaça dans ses veines. Tous ses sens en alerte, il pénétra prudemment à l’intérieur et alluma la lumière.

C’est là qu’il le vit. Assis dans le canapé du salon, l’air parfaitement détendu, se tenait… Lucas. Ethan crut défaillir. C’était impossible ! Son frère était mort, il avait vu son corps sans vie, l’avait enterré ! Et pourtant, il se tenait là devant lui, en chair et en os.

“Lucas ? C’est… c’est vraiment toi ?” balbutia Ethan, au bord de l’évanouissement. Son frère lui adressa un sourire énigmatique.

“Bien sûr que c’est moi, qui veux-tu que ce soit d’autre ? Tu as reçu mon message à ce que je vois. Désolé d’avoir dû te faire passer par tout ça, mais je n’avais pas le choix. Je devais disparaître, pour notre sécurité à tous les deux.”

Ethan secoua la tête, refusant de croire ce que ses yeux lui montraient. “Mais tu es mort ! Je t’ai enterré !”

Lucas eut un petit rire sans joie. “C’est ce qu’ils voulaient que tu croies. Mais je t’avais prévenu Ethan, les apparences sont trompeuses. J’ai mis en scène mon propre décès. Je savais qu’ils finiraient par venir me chercher, je n’avais pas d’autre alternative pour nous protéger.”

Ethan se laissa tomber dans un fauteuil, la tête entre les mains. Tout cela n’avait aucun sens. C’était un cauchemar éveillé.

Lucas s’agenouilla devant lui et posa une main sur son épaule. “Je sais que c’est difficile à assimiler. Mais je suis là maintenant. Vivant. Et je vais tout t’expliquer. La vérité sur ce que j’ai découvert. Sur ceux qui nous menacent. Et surtout, sur ce dont tu dois te méfier par-dessus tout…”

Alors que Lucas s’apprêtait à révéler son terrible secret, un grand coup fut frappé à la porte. Les deux frères sursautèrent. Des voix étouffées se firent entendre sur le palier, puis le son distinctif d’armes que l’on charge.

La porte vola en éclats et des hommes en noir firent irruption dans l’appartement. Avant qu’Ethan n’ait eu le temps de réagir, il sentit une vive douleur à l’arrière de son crâne. Puis ce fut le noir complet.

Lorsqu’il reprit connaissance, Ethan était allongé dans un lit d’hôpital. Ses parents se tenaient à son chevet, l’air infiniment soulagé de le voir revenir à lui. On lui expliqua qu’il avait été retrouvé inconscient chez lui. Apparemment, les voisins l’avaient entendu parler tout seul et crier, puis un grand fracas. Inquiets, ils avaient appelé la police.

Les médecins diagnostiquèrent une crise de démence aigüe, probablement due au traumatisme de la perte de son jumeau. Ethan tenta de protester, d’expliquer pour Lucas et les hommes en noir. Mais plus il s’énervait, plus on mettait cela sur le compte du délire et du chagrin.

Après quelques semaines, Ethan finit par se ranger à l’avis général. Peut-être avait-il rêvé ce retour de Lucas et tous ces mystères. Peut-être avait-il sombré dans la folie, incapable d’accepter la mort de son frère. Il s’efforça de réapprendre à vivre sans son jumeau, se concentrant sur sa guérison.

Des années plus tard, alors qu’Ethan avait retrouvé un semblant de vie normale, il reçut une lettre anonyme. À l’intérieur, une simple phrase : “Il avait raison. Méfie-toi d’eux.” Son sang se glaça dans ses veines. Tout lui revint en mémoire avec une acuité terrifiante. Le message posthume de Lucas. Son retour d’entre les morts. Ses révélations avortées. L’irruption brutale de ces inconnus.

Et si tout cela n’avait pas été le fruit de son imagination ? Et si Lucas était réellement en danger, contraint de simuler sa propre mort et de se cacher ? Qu’avait-il découvert de si terrible ? Et surtout, qui étaient ces mystérieux “eux” dont il fallait se méfier à tout prix ?

Ethan sentit un long frisson lui parcourir l’échine. Il avait la sensation que malgré tous ses efforts pour oublier et passer à autre chose, le cauchemar ne faisait que commencer…

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Carla B Bassara
Carla Bassara est une critique d'art reconnue, célèbre pour ses analyses perspicaces et son regard affûté sur l'art contemporain. Ayant étudié l'histoire de l'art en Espagne à l'Université de Barcelone, elle apporte une perspective internationale à ses critiques. Bassara a débuté sa carrière en écrivant pour des magazines artistiques européens avant de devenir une contributrice régulière de "L'Art Moderne". Son expertise s'étend des maîtres classiques aux avant-gardes modernes, et elle est particulièrement intéressée par les dialogues interculturels dans l'art. Conférencière et curatrice invitée, Bassara participe activement à la scène artistique mondiale, offrant des critiques éclairées qui inspirent et provoquent la réflexion.

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