Dans l’histoire tumultueuse de Singapour, l’Hôpital de Changi se dresse comme un témoin silencieux des atrocités de la Seconde Guerre mondiale. Construit en 1935 par les Britanniques comme hôpital de la Royal Air Force, ce lieu de soins fut transformé en théâtre d’horreur sous l’occupation japonaise.
De l’hôpital au camp de la mort
En 1942, la chute de Singapour marqua un tournant brutal dans l’histoire de Changi. Sous le contrôle de la Kempeitai, la police secrète japonaise, l’hôpital devint un camp de prisonniers où soldats britanniques, australiens, indiens, malaisiens et civils singapouriens dissidents subirent des tortures systématiques.
Un soldat australien témoigna de ces atrocités : “L’interrogateur enfonça un morceau de bois dans mon oreille gauche et le frappa avec un petit marteau. Je perdis connaissance après la perforation du tympan. Je n’ai plus jamais entendu de cette oreille depuis.”
Pour terroriser les survivants, les bourreaux exposaient les mains sectionnées des prisonniers exécutés sur des pieux devant les bâtiments YMCA et Cathay. Ces pratiques macabres illustrent la brutalité d’un régime qui transforma un lieu de guérison en antichambre de la mort.
Le retournement de l’histoire
La défaite japonaise ne mit pas fin au cycle de violence. De nombreux soldats japonais furent à leur tour exécutés dans l’enceinte de l’hôpital. Ce n’est qu’en 1975, après le départ des Britanniques, que Changi retrouva sa vocation médicale, avant d’être définitivement abandonné dans les années 1990.
Les échos du passé
Aujourd’hui considéré comme le lieu le plus hanté de Singapour, l’Hôpital de Changi attire autant qu’il effraie. Les phénomènes rapportés sont innombrables :
- L’apparition d’un petit garçon solitaire, dont la tristesse imprègne durablement les témoins
- Des visions cauchemardesques de l’exécution massive des soldats japonais
- Des voix désincarnées, notamment en dialecte Hokkien
- Des bruits inexpliqués et des sensations de présences
L’incident du tournage
En 2010, le tournage du mockumentaire “Haunted Changi” donna lieu à des événements inexpliqués. L’équipe rapporta des phénomènes troublants : coups sourds dans les zones vides, voix mystérieuses, contacts physiques inexpliqués, et l’apparition d’une femme entourée d’une aura noire. Plus troublant encore, ils capturèrent sur pellicule une silhouette sombre, intégrée dans le montage final du film.
Un monument de l’histoire
Malgré plusieurs projets de reconstruction, l’hôpital reste abandonné, comme figé dans le temps. Pour certains, c’est un haut lieu du paranormal. Pour d’autres, un mémorial des atrocités de la guerre. Mais tous s’accordent sur un point : Changi incarne une période particulièrement sombre de l’histoire humaine.
Le témoignage d’Andreas Chan, une locale qui visita les lieux dans sa jeunesse, illustre parfaitement l’atmosphère du site. Avec ses amies, elle vécut une expérience troublante : des coups inexplicables dans un plafond trop haut pour être atteint, et une voix en Hokkien leur intimant de faire moins de bruit alors qu’elles étaient seules dans le bâtiment.
L’héritage de Changi
L’Hôpital de Changi reste un symbole ambivalent : lieu de souffrance devenu attraction macabre, il rappelle comment la guerre peut transformer un espace de guérison en théâtre de la barbarie humaine. Les phénomènes inexpliqués qui s’y manifestent semblent porter l’écho des drames qui s’y sont joués, comme si les murs eux-mêmes refusaient d’oublier.