La tradition du thé au Maroc est bien plus qu’une simple boisson quotidienne, c’est un rituel social profondément ancré dans la culture marocaine. Ce rituel, souvent appelé “atay”, représente un moment de convivialité, de partage et de hospitalité.
Les significations importantes
Voici quelques significations importantes associées à cette tradition :
Convivialité et hospitalité : Le partage du thé est une manière pour les Marocains de créer des liens, de recevoir des invités et de passer du temps ensemble. Offrir du thé est une expression de générosité et d’accueil chaleureux envers les visiteurs.
Cérémonial et rituel : Préparer et servir le thé suit un protocole précis et minutieux. La préparation du thé à la menthe implique plusieurs étapes, dont le versement du thé d’une théière à une autre pour aérer et mousser le breuvage. Ce cérémonial est souvent transmis de génération en génération.
Symbolique de l’amitié : Le thé est associé à des valeurs comme la patience (le temps que prend la préparation), la détente et la convivialité. C’est un symbole de partage et d’amitié, renforçant les liens sociaux et familiaux.
Adaptabilité culturelle : Le thé à la menthe marocain peut être consommé à toute heure de la journée et dans divers contextes sociaux. Que ce soit dans les foyers, les cafés ou même dans la rue, partager un verre de thé est une coutume répandue.
Équilibre des saveurs : Le mélange de thé vert, de menthe fraîche et de sucre crée une boisson qui équilibre harmonieusement les saveurs sucrées et rafraîchissantes, représentant souvent un équilibre entre les aspects amers et doux de la vie.
D’où provient cette tradiction ?
L’introduction du thé au Maroc remonte au XVIIe siècle, lorsque les ambassadeurs anglais en offrent à la Cour du Sultan Moulay Ismaïl. Initialement réservée à l’élite, la boisson devient accessible à tous après l’interruption des exportations de thé britannique vers les pays slaves durant la Guerre de Crimée en 1854. Les Britanniques, cherchant de nouveaux débouchés pour leur thé indien, se tournent alors vers le Maroc, facilité par sa proximité avec Gibraltar. Le thé s’insère progressivement dans la vie quotidienne, s’ajoutant aux infusions d’herbes aromatiques déjà consommées par les Marocains.
Les thés les plus consommés
Concernant la culture marocaine autour du thé, le thé à la menthe est le plus célèbre, préparé principalement avec du Gunpowder, un thé vert chinois. Outre la menthe, d’autres herbes comme l’absinthe, la verveine, la marjolaine, la sauge ou des épices comme le safran, l’anis ou le poivre peuvent être ajoutées pour des variantes régionales.
Le service du thé
Pendant le Protectorat français, la préservation des traditions artisanales marocaines devient une préoccupation. Les autorités, dirigées par Lyautey et avec l’aide de Prosper Ricard, s’engagent à revitaliser les arts indigènes sans les altérer. Les objets et pratiques traditionnels sont collectés, triés et exposés dans des musées, servant de modèle pour ramener les artisans “dans la voie du bon sens et des saines traditions”. Cet art traditionnel joue aujourd’hui un rôle significatif dans la culture marocaine du thé.
Le service du thé est tout un art au Maroc : il se fait traditionnellement avec deux plateaux à pieds en argent ou en cuivre. Trois boîtes en métal contenant le thé, la menthe fraîche et le sucre, accompagnées d’une théière en métal ciselé de motifs floraux ou géométriques, sont disposées sur l’un des plateaux. Les verres droits colorés et dorés accueillent ensuite le thé servi. Les grands événements impliquent également d’autres éléments, tels qu’une coupe pour l’eau de rinçage, un lave-mains traditionnel, un lance-parfum avec de l’eau de fleur d’oranger ou de rose, et un brûle-parfum pour de l’encens, complétant ainsi l’expérience sensorielle du thé.
En somme, la tradition du thé au Maroc va bien au-delà de la simple consommation de boisson. Elle incarne des valeurs culturelles profondes, favorise la socialisation et joue un rôle central dans le tissu social marocain, reflétant l’hospitalité, la convivialité et la richesse des échanges interpersonnels.
Sources :